Les Amis aux petits soins pour les roselières

par 10/09/2021

Cet été, Rémy, le garde technicien de la Réserve naturelle, nous a sollicités pour deux chantiers de nettoyage des roselières lacustres et des berges. Le kayak étant le meilleur moyen d’y accéder, c’est donc à la base nautique de Doussard (Skiwake74) que nous nous sommes retrouvés les jeudis 22 juillet et 19 août au matin. Pour l’occasion, nous sommes munis de chaussures d’eau et d’un gilet jaune de sécurité routière afin d’être bien visibles. Il ne faudrait pas qu’on nous confonde avec d’éventuels contrevenants entrant dans le périmètre de protection !

Le 22 juillet, la météo est au beau fixe. C’est sur une eau et sous un ciel très bleus que nous appareillons donc. Nous sommes six bénévoles, sous la houlette de Rémy et Laureline, renfort d’été chez ASTERS. Notre mission est donc de rejoindre en kayak le delta de l’Ire, qu’un premier groupe nettoie à pied. Un deuxième groupe pagaie jusqu’à une trouée dans les roseaux, pour s’arrêter sans les abîmer au plus près de la berge et ramasser les déchets poussés là par les courants et les vents. Nous faisons ainsi plusieurs petites anses. Finalement, même si nous trouvons comme toujours beaucoup de micro morceaux de plastique, les déchets ne sont pas si nombreux que cela. Nous ramassons notamment les habituels bouchons, morceaux d’emballages et de polystyrène, balles de tennis, semelles et chaussures, mégots de cigarette, ainsi que deux masques bien entortillés dans les roseaux, un accessoire de parapente, une bouée de bateau et des bouteilles en verre et en plastique.

Puisque le nettoyage est une affaire rondement menée, Rémy nous propose de nous attaquer à un autre problème : les bois flottés, eux aussi poussés au bout du lac par les courants, et qui abîment la base des roseaux. Il faut savoir que les roselières sont très importantes : elles jouent un rôle d’épuration, de protection des berges contre l’érosion et d’accueil d’animaux. Au fil du temps, les roselières aquatiques ont beaucoup régressé, fragilisées par la construction d’aménagements, par les vagues liées aux bateaux à moteur et par la stabilisation du niveau du lac depuis l’installation de vannes sur le canal du Thiou. Un niveau d’eau constant concentre l’énergie des vagues et des bois morts flottants sur le bout du lac, ce qui met à mal les roseaux.

Il y a effectivement énormément de morceaux de bois flotté de toutes tailles (bois naturel, ou moins… comme des planches avec des clous et des morceaux de palettes). Ce travail est assez physique : nous avons de l’eau jusqu’aux cuisses et le bois n’est pas toujours facilement accessible. Nous faisons des chaînes pour acheminer les morceaux jusqu’au bateau de Rémy, qui effectue plusieurs voyages jusqu’au delta où nous déchargeons notre récolte sur la berge. Le bois sera déplacé plus tard par ASTERS à un endroit où les courants ne peuvent pas le réentraîner dans le lac.

Il nous reste du temps pour aller jusqu’à la petite plage de Glières, et c’est un véritable bonheur de glisser sur l’eau, au milieu des pépiements d’oiseaux. Nous regagnons ensuite la terre ferme, avec quelques douleurs aux bras et au dos pour certains, mais une grande satisfaction d’avoir participé à ce chantier. Rémy nous offre un verre au Cadre, le bar de la base nautique, où il nous donne quelques explications sur les projets à venir. Avec le plan de relance décidé par le gouvernement, des financements exceptionnels ont été accordés au ministère de l’Écologie. Les réserves en bénéficient et organisent des actions d’animation, de gestion et de restauration. Ainsi, au bout du lac, une partie des remblais datant des années 70, époque où l’on remblayait les zones humides, va être évacuée pour favoriser le développement de la roselière et l’élargir.

Le 19 août, c’est reparti pour un petit tour de kayak entre Amis afin de finir le travail entamé et de retirer un maximum de ces bois flottés qui viennent frapper la base des roseaux. Le temps est couvert et plus frais qu’en juillet, mais qu’à cela ne tienne, nous sommes 11 à pagayer en direction du delta de l’Ire. Des Amis, mais aussi plusieurs personnes ayant trouvé l’information au sujet du chantier sur Internet ou dans le Dauphiné.

Cette fois-ci, nous chargeons le bateau de Rémy et les kayaks d’un maximum de bois. Il faut savoir s’arrêter à temps pour ne pas risquer de chavirer quand on les ramène à pied jusqu’au belvédère ! La petite équipe est très efficace et met même au point une technique pour ramener les troncs les plus gros qu’il n’est pas possible de hisser sur les kayaks. Le tas de bois récolté grandit à vue d’œil et nous en attaquons un autre. Tout en travaillant, nous sommes plusieurs à nous extasier sur la beauté de certains morceaux de bois flotté. D’ailleurs, notre président Michel en prélève quelques-uns, tout comme Isabelle, qu’il faut raisonner car la place est réduite sur le kayak, mais qui trouvera tout de même une proue pour celui-ci. Le bateau de Rémy tombe en panne, mais nous poursuivons en continuant de charger les kayaks. Au bout de plusieurs allers et retours et chargements et déchargements, je commence à fatiguer et j’en profite pour faire une pause en prenant des photos des bénévoles en action. Quel plaisir de voir la belle énergie mise en œuvre au service de la nature ! Je me sens utile et bien en vie, bien réveillée par l’eau très fraîche de la rivière qui vient se jeter dans le lac. Je ramasse pour finir quelques déchets, notamment des bouchons et quelques masques flottants dans l’eau transparente, triste vision de 2021.

Rémy est satisfait du travail accompli sur ces deux matinées, et tous les bénévoles repartent enchantés. Quant à moi, j’ai toujours le même plaisir à retrouver le delta de l’Ire, sa beauté et son calme, et cette fois-ci, en prime, la satisfaction d’avoir eu à nos côtés plusieurs jeunes, qu’il est toujours très agréable de voir participer aux chantiers avec enthousiasme. La relève est là !

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